Kodak Tri X, le film du baroudeur
On aime ou on déteste, c’est ce que l’on me dit souvent quand je parle de ce film avec mes amis. En effet, le rendu du grain divise, on se doit de choisir son camps. Pour ma part, j’ai choisi, j’adore, le rendu est inimitable. Il est si particulier qu’il en devient une signature. Voici donc un film N&B qui a une âme, et je ne suis pas le seul à l’apprécier.
Les plus grands l’ont adopté Sebastião Salgado, Don Mc Cullin, Anton Corbijn, Henri Cartier-Bresson et bien d’autres encore.
Ce film existe en format 135 et 120, il est fabriqué par Eastman Kodak, tout d’abord étudié dans les années 40, il commence à sortir des usines en novembre 1954.
Depuis 2007 on connait ce film sous deux appellations 320TXP et 400TX , les deux sont communément dénommés Tri X 400
La valeur nominale de ce film est de 400 ASA, il possède une dynamique très élevée de 15 EV, ce qui donne à celui-ci une gamme de gris très importante, et surtout une acuité impressionnante. Il est ainsi possible de l’utiliser de 200 à 3200 ASA en toute situation tout en contenant le grain lors de la phase de développement. Certains ont même fait des miracles en poussant ce film dans ses derniers retranchements à 25600 ASA.
Il devient donc très vite l’allié et le plus proche ami de tout les photos reporters, un reflex, un peu de film, beaucoup de courage, et une salle de bain en guise de chambre noire, et vous voilà dans la peau d’un photographe sur le terrain.
Certes, ce n’est pas si simple, mais c’est la réputation de ce film, en plein soleil, dans la poussière, sous la pluie et en pleine mousson, lors d’émeutes ou de manifestations, ou pour les plus grands sur tous les théâtres d’opération militaire, vous trouvez ce film dans leurs besaces.
Le rendu est plus contrasté que les films utilisés dans les années 30 sur les portraits de grandes stars hollywoodiennes. Le rendu est maintenant plus dur, il correspond à ce que le photo journalisme attend.
C’est par excellence le film du baroudeur. Avoir quelques pellicules dans sa veste et son 35mm à l’épaule et vous voilà paré.
En 2004, Kodak célèbre les 50 ans de la Tri X.
Il est fortement apprécié par les amateurs tout au long de années 50 à 70, puis son succès s’estompe et les ventes commencent à décliner dans les années 80 suite au succès au près du grand public des films couleurs.
Le coup de grâce est donné avec l’arrivée de la photographie numérique, mais il fait encore de la résistance et reste toujours produit même après les déboires de Kodak en Janvier 2012.
Certains avaient pris peur et avait à tort ou à raison commandé de grandes quantités avant sa probable disparition. La légende veux que Don Mc Cullin ait commandé 150 rouleaux à cette époque, et Anton Corbijn ait lui acheté 2500 films.
Depuis la situation s’est éclaircie et la société est sortie du trou noir dans lequel elle était entrée. Une nouvelle société Kodak Alaris produit donc maintenant la Tri X.
Ce n’est pas mon film préféré mais je l’apprécie énormément, je l’utilise en toute saison, et en tout format.
Ici sur l’île d’Aix en plein soleil.
J’ai utilisé la règle du F16 – je me trouvais donc à 1/500 ème à F16.
Récemment, je me suis même essayé au panoramique en 24×65 avec l’Hasselblad XPAN et je suis plus que satisfait du résultat.
Dans le métro à Londres.
Pas mal, non, en basse lumière?
Et le grain est très contenu.
Je le reconnais, j’ai pris peur aussi à cette époque et je me suis précipité chez mon fournisseur (Photo Stock à Paris pour ne pas le nommer), et j’ai depuis empilé chez moi 50 films.
La situation semble maintenant bien plus stable et en 2015, il est toujours possible de se procurer très facilement ce film que ce soit en 135 ou en 120.
Comme vous avez certainement pu vous en rendre compte et lisant ce blog photographique, ma pratique du noir et blanc est surtout axée sur la photo de rue et, de ce coté là, je suis toujours certain en partant en vadrouille que ce film ne me décevra pas.
Exemple à l’appui :
Dans Paris lors de ces cinq dernières années.
Les belles cartes postales (Clin d’œil à mon ami Marc Lepage)
Voyons voir maintenant comment pousser ou retenir ce film.
L’utilisation normale est donc à 400 ASA, jusque là tout se passe comme avec une HP5 ou une Delta 400
Par contre des que vous voulez utiliser les autres films à 800 ASA ou plus, ça se complique et le rendu devient vite très granuleux, voire insupportable
Ici rien de tout cela, si vous suivez les recommandations de Kodak (Voir plus bas la fiche technique), vous pouvez soit contenir le film à 200 ASA par exemple (C’est comme si vous le surexposiez), soit le pousser, très pratique, donc dès que le manque de lumière se fait ressentir, que ce soit par temps nuageux, ou bien en fin de journée, voir même à la nuit tombée.
Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec le développement, vous pouvez toujours demander à votre laboratoire de développer en prenant en compte vos recommandations et en indiquant si vous avez poussé le film ou pas. C’est ce que je fait assez souvent chez Négatif Plus, qui est, et il faut le reconnaître un des rares laboratoire ou il est encore possible de faire ce genre de pratique. Par contre Négatif Plus ne vas pas plus loin que deux diaphragmes. Donc c’est 1600 ASA maximum chez eux.
Au delà il faut le faire soi-même. Si dessous je vous fournis un petit tableau avec les temps de développement recommandé par Kodak avec du D76
Voici donc une charte pour vous aider dans vos temps de développement.
Révélateur : Kodak D76 – Température du bain : 20°C
ASA | Dosage | Durée |
200 | 1+1 | 9mn |
400 | 1+1 | 9mn 30 |
800 | 1+1 | 12mn |
1600 | 1+1 | 13mn15 |
3200 | 1+1 | 16mn |
6400 | 1+1 | 25mn |
12800 | 1+1 | 30mn |
25600 | 1+1 | 36mn |
Quelques exemples ici d’un film Kodak Tri X poussée à 1600 ASA (+ 2 diaphragmes )
Quelques liens sur des fous furieux qui ont poussé ce film à 6400 ASA
http://photo.net/black-and-white-photo-film-processing-forum/00Zy7u
Et même à 25600 ASA
https://dehk.wordpress.com/2012/12/17/pushing-a-tri-x-type-film-to-iso25600/
Voici maintenant quelques reportages qui vous en diront plus sur un développement poussée de ce film. Cette première vidéo vous parle plus particulièrement d’un processus qui pousse la Trix X à 6400 ASA, soit 4 diaphs de plus que la valeur nominale. Les résultats sont assez saisissants. La méthode utilisée est ultra simple puisqu’il s’agit de stand dev, elle a l’avantage de diminuer l’agitation car celle ci ne se fait plus que toutes les 30 minutes sur une période de deux heures. Cela permet de contenir l’explosion du grain.
Source : http://theartofphotography.tv – Episode 96 – Pushing Tri X
Tant que nous y sommes voici un second reportage signée Chuck Jines, cette fois plus orienté photographie de rue, la Tri X est içi poussée de 2 diaphragmes à 1600 ASA
Source : Chuck Jines Photography – Street Photography Tip: Embrace the Grain – Pushing Tri-X to 1600 ISO
https://www.youtube.com/watch?v=jz-oqvtxbqM
Fiche technique :
http://www.kodak.com/global/en/professional/support/techPubs/f4017/f4017.pdf
Les 50 ans du film
http://www.kodak.com/US/en/corp/pressReleases/pr20040212-03.shtml
Merci beaucoup Lionel pour votre avis.
J’adore ce film franchement il passe partout c’est le top, je m’en sers a l’ iso normal, il est devenu cher mais je ne retrouve ses qualités nulle part ailleurs je m’en servirais toujours .
Merci pour ton passage Fred.
Belle démonstration de ce que peut offrir une Kodak tri-X. Les photos sont superbes et les nuances de gris plaisantes. Un billet clair et intéressant qui doit certainement donner envie aux jeunes de découvrir l’univers de l’argentique. Merci.
Bonjour Johan,
Le film double X est issue de la production cinéma de Kodak, il est toujours fabriqué mais difficile à trouver.
Commence peut être par regarder chez Kodak sur cette référence, EASTMAN DOUBLE-X Black & White Negative Film 5222/7222.
CineStill a produit il n’y a pas si longtemps une édition limitée avec du double-X, le film se nomme chez eux CineStill bwXX
Sinon il reste toujours la possibilité de temps à autre d’en trouver sur ici sur eBay, en effet Film Photography Project en vend régulièrement.
Pour le développement je passe par un laboratoire et j’ai très peu de chimie chez moi, mais quand j’ai eu a le faire concernant le choix du révélateur, je suis la recommandation de Kodak avec du D96 et si je n’en ai pas j’utilise du D76.
Merci pour ton passage et ton message Johan.
Bonjour,
Qui est-ce qui vend du Double X en France ou en Grande Bretagne?
Kodak recommande le développement avec D96. Et vous?
Merci d’avance.
Bonjour Grégoire
Nous je n’ai pas de comparaison entre votre préset Lightroom pour TriX en numérique et les films Kodak Tri X, mais si vous faites le comparatif, n’hésitez pas à laisser vos retour d’expérience ici.
Bonjour,
j’utilise ce film en simulation dans Lightroom avez vous déja fait le comparaison avec les vrais?
tout mes noir et blan sur mon site sont fait a partir de preset en tri x… 😉
Merci pour cet article, j’aime aussi bien ce film meme si je lui prefere la douceur de la DoubleX (qu’on doit mettre nous meme en bobine, le film n’existant plus en bobine ‘photo’).
Meme si Kodak a feté les 50 ans du TriX, il a pas mal evolué, le grain est devenu plus petit et le film est moins contrasté qu’a l’origine, on ne trouve malheuresement plus de film original (le 320TX etait tres proche de d’original).